Équipée de ses fameux gants si symboliques de ce sport de combat et affrontant tous les coups, elle se relève toujours et remonte sur l’enceinte de boxe pour combattre son plus grand adversaire : elle-même. Alyssa Godin, jeune boxeuse de 18 ans, repousse ses limites depuis ses débuts dans ce sport en jonglant entre son sport, sa vie personnelle et professionnelle. Durant l’entrevue de cette jeune athlète, elle aborde tous les sujets, même les plus tabous.
Alyssa a commencé la boxe à l’âge de quatorze ans: «C’était vraiment pour exorciser mes émotions, pis comme faire plaisir à ma mère, aussi pour montrer que je faisais un sport pour gérer mes émotions et tout, pis me défouler», raconte-t-elle avec un sourire nostalgique. Lorsqu’elle a enfilé les gants pour la première fois, elle a immédiatement su que c’était pour elle. Depuis, elle n’a jamais quitté le ring. En seulement quatre ans, elle a gravi les échelons avec une rapidité impressionnante.
Malgré sa force mentale, Alyssa avoue que sa route est remplie de défis et qu’elle n’est pas à l’abri des doutes: «C’est vraiment comme un challenge pis, c’est un sport non seulement physique, mais très technique», confie-t-elle. Alyssa ne cache pas que sa route est semée d’embûches. Entre les blessures, la fatigue et la pression de la compétition, chaque jour lui apporte un nouveau défi. Malheureusement, elle a récemment eu des problèmes de santé qui l’ont obligée à mettre sa carrière sur pause, mais elle sera bientôt prête à revenir en force, d’ici 2026.
En attendant, elle continue de perfectionner son jeu, d’affiner sa stratégie et de repousser ses limites. Alyssa s’entraîne intensément, quatre à cinq jours par semaine. Ses séances d’entraînement sont rythmées de musculation, ‘entraînements techniques et de combats d’opposition : « La différence avec la discipline et la motivation[…], la motivation a des journées que tu ne l’as pas, pis qu’est-ce qui te pousse aller t’entraîner, c’est pas la motivation, c’est la discipline», explique-t-elle.
Pour Alyssa, la boxe se révèle une bataille quotidienne, un défi constant, une passion brûlante. Et elle compte bien prouver à tous que la place des femmes sur l’arène ne se discute plus. «Nombre de fois, c’était « impressionnant » de voir une fille qui fait de la boxe, parce que c’est en développement, c’est en train de grow out, genre le nombre de femmes dans ce sport-là. Je trouve ça beau à voir. Ça donne plus d’accessibilité à ce sport-là, à plus de gens. Mais les stéréotypes, oui [il y en a souvent] Moi, je m’en fous, c’est sûr que des fois, je m’en fous, mais je vais te faire comprendre que t’es un esti de cave de penser misogyne de même.», ajoute-t-elle. Si Alyssa se concentre sur son sport, elle n’ignore pas les débats qui secouent le monde de la boxe. Parmi eux, on retrouve l’impact des cycles hormonaux et de la contraception sur la performance des athlètes féminines : «La prise des contraceptifs, tsé,actually, ça rajoute un petit défi. J’oubliais la pilule, j’ai commencé à porter la patch, mais quand tu fais de la boxe 8h par semaine, la patch va commencer à décoller. Les injections sont propices à prendre du poids, c’est pas ça que je voulais du tout. Mais ça m’a pas vraiment bloquée […]. C’est sûr que niveau énergie, ça va être totalement différent, tu vas sûrement devoir prendre des suppléments de fer ou peu importe. Parce qu’une fois par mois, on a un petit handicap que les hommes n’ont pas, ça va toujours rester un débat dans la société.»
Elle est consciente que la boxe féminine reste un combat en soi : «C’est tellement moins reconnu, c’est pas tous les gyms qui acceptent des filles. Y’a des gyms qui sont plus vieille école, ils veulent juste coacher des hommes ou qui vont coacher des femmes pour une bonne image, mais tu vois qu’il y a un favoritisme. ».
Le mental est aussi mis à rude épreuve face aux attentes et aux stéréotypes : «Quand tu embarques dans le ring, c’est toujours stressant. En tout cas, pour moi, la partie la plus stressante, c’est pas de combattre dans le ring, c’est quand t’arrives à la marche avec la musique. Pis que t’es tout stressé parce que, tsé, pour l’audience, le combat, il a pas encore commencé, il va commencer. Mais toi, le combat a commencé depuis la pesée. T’as eu tout le stress de la pesée. Tsé, si tu fais pas la pesée, tu combats pas, si t’atteins pas le poids que tu devais, tu fais pas le combat. Tu entends aussi les autres qui se battent avant toi. Et de marcher, et que tout le monde te regarde» confie-t-elle.
La question des athlètes transgenres en boxe est aussi un débat qu’elle suit avec attention : «C’est non. J’ai rien contre, je suis très ouverte, je suis d’accord pour qui aille une catégorie de trans […] mais parce que physiologiquement on a pas le même. Pis c’est une réalité pis faut la comprendre pis même si l’homme qui s’identifie comme une femme change de sexe […] On va quand même pas avoir la même physiologie […] les règles sont établies, je suis zéro contre qui fassent de la boxe, mais niveau compétitif, je pense que ça doit aller avec le sexe de la naissance pour l’égalité et pour l’équité. »
Bref, sachant à quel point cela peut être difficile pour une jeune fille débutante de s’imposer, Alyssa se montre encourageante : « Laisse une chance au sport, parce qu’au début, je trippais pas. […] Fais-le pour toi, je dirais pas de prendre les choses sérieusement dès le début, parce que sans le début qui était plus du « niaisage », j’aurais pas atteint ce que j’ai en ce moment [Il faut] bien comprendre ce qu’elle veut et qu’est-ce qu’elle va faire pour l’atteindre. Go all the way, mais fais attention pour pas que le sport devienne, surtout à notre âge, on est plus jeune, fais attention pour pas que le sport prenne over tout, faut quand même garder un certain équilibre. […] Vas-y fort, donne ton 100%.» , conseille-t-elle avec des mots qu’elle aurait aimé entendre.
Parmi les personnes qui l’ont inspirée, son entraîneuse tient une place particulière : «Megan, ça serait vraiment niveau mental qu’elle va m’aider. Comme le nombre de fois que je suis sortie du ring en pleurant, pis c’est pas nécessairement que j’ai mal fait, je peux avoir super bien fait pis je pleure quand même après. First, c’est le choc de full d’adrénaline, pis c’est de mettre beaucoup pression sur toi-même, pis elle était vraiment là mentalement. Me faire comprendre sur ce que moi je peux contrôler et ce je peux pas.»Il ne faut pas oublier, son entraîneur principal, un homme d’expérience, l’accompagne depuis ses débuts : Tsé mon coach principal, c’est plus niveau performance : il va me pousser pour atteindre des objectifs», explique-t-elle avec reconnaissance. À ses côtés, avoir plusieurs entraîneurs joue également un rôle clé dans son développement.
Avec son travail acharné, son équipe solide et une volonté de fer, Alyssa Godin n’est pas juste une boxeuse prometteuse : elle est une combattante-née, prête à se tailler une place parmi les meilleures. Loin de se reposer sur ses succès, Alyssa Godin s’impose comme une étoile montante de la boxe. Elle ne compte pas s’arrêter là. Son objectif est de participer aux Gants Dorés et, elle se permet de rêver, d’atteindre le niveau professionnel. Mais au-delà des victoires, c’est dans l’adversité qu’elle forge sa résilience.
Qui sait, peut-être qu’Alyssa Godin représentera bientôt le Canada dans les plus grandes compétitions en boxe professionnelle…Une chose est sûre, sa passion saura la porter loin!